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Les pensées de Lili

4 décembre 2012

L'examen d'entrée au CRFPA: sans complaisance!

Premier post. Première diatribe. En suivront d'autres, aussi vrai que Murphy a dit ...

Enfin! Comme annoncé dans la description de ce blog, je suis diplômée en Droit. Droit des affaires... Et comme beaucoup d'étudiants, arrivés à la fin de leur cursus universitaire, s'est posé la grande question: "Que faire? Comment faire? Où? Snif, Pourquoi moi?". Le marché de l'emploi est très capricieux.

Forte de bons diplômes et de stages prestigieux dans des entités ou cabinets d'avocats que mes camarades juristes reconnaitraient, je n'en étais pas moins sujette à ce type de questionnement.

Point de méprise, chers lecteurs: j'ai commencé à effectuer des stages dés ma troisième année de Droit. ... Je suis issue d'un milieu modeste, et c'est à force de travail, de courage, et de persévérence que j'ai réussi à m'ouvrir au forceps, ... au prix des larmes et du sang (... bon... des larmes seulement, n'exagérons rien) les portes de ces milieux d'élite. Quoiqu'il en soit je décidais de devenir... avocate! (Tin-tiin!!!)

Je n'imaginais pas que cela serait aussi compliqué, que la route serait aussi semée d'embuches. C'est mon chemin de croix...

... 2012!! (musique oppressante!) ... Je n'en étais pas à ma 1ère confrontation avec cet examen, que j'ai déjà eu l'honneur de passer dans cette illustre fac autoproclamée meilleure fac de Droit de France... Recentrons nous donc sur 2012. Cette dernière expérience est suffisamment édifiante.

Dés janvier, j'ai voulu mettre toutes les chances de mon côté pour obtenir cet examen: l'enjeu est si important. J'ai décidé de consacrer toute mon année à sa préparation: j'ai donc assisté à tous les séminaires, en toutes matières. Dés avril, je commençais à m'appesentir sur mes choix de matière. Dés mai, je reprenais et étoffais mon cours de droits et libertés fondamentaux. Arrive juin. Je me décide à m'offrir les services d'une préparation privée, au taux de réussite si élevé... J'investis dans cette formation complémentaire, demande un prêt à ma banque.Tout l'été, je travaille dur. Très dur. Entre 8h et 12h par jour, pendant trois mois. J'effectue tous les entrainements proposés par la prépa, en conditions d'examen (en somme, je me sers exclusivement des codes, je respecte l'horaire imposé)... et cela est payant: la première semaine, mes notes sont catastrophiques; rapidement, je me mets dans le bain, et parviens à deux tiers de résultats > à 10... et pour moitié d'entre eux supérieurs ou égal à 13.  Malgré tout, sachant combien cet examen peut être retors, je décide de ne pas faire l'impasse sur les actualités dispensées par les professeurs à la fac... qui n'ont eu de cesse, cette année, de souffler le chaud et le froid quant au format des épreuves (lorsque dans d'autres universités, ...cela est d'avance connu par les étudiants! Et cela pose un problème d'équité).

Septembre. Les examens. Des épreuves assez simples. Objectivement simples. Pourtant, l'échec était au bout du chemin. Les privations d'oxygène et de soleil, la "no life" attitude, l'investissement financier, l'espoir qui grandissait dans mon coeur, etc. ..., tout cela réduit à néant, tourné en ridicule... au nom de quoi? Mais relativisons. J'aurai au moins appris une chose essentielle : "Le mérite n'est pas toujours récompensé, c'est bien connu! Ben... le travail et l'effort non plus!". Merci P....  

Il faut savoir se remettre en question. Cela fût délicat en la circonstance: lorsqu'on a tout donné, ... Pour autant, je me suis livrée à une auto-critique, dont je souhaite vous faire part. Elle vaut ce qu'elle vaut.

D'abord, qu'est ce que cet examen?

On entend toutes sortes de choses sur cet examen: "une loterie", "c'est la roulette russe", "c'est aléatoire", "de bons étudiants échouent, lorsque de médiocres réussissent", "seuls les meilleurs le réussissent",... Et chacun y va de sa petite anecdote personnelle. "Moi, je l'ai eu, mais je pense avoir eu de la chance", "je ne l'ai pas eu; je ne comprends pas", "je connais untel qui...". Bref!

Pour vous exprimer tout mon sentiment, je dois vous avouer que je peine à saisir les attentes pour cet examen... et ce n'est pas faute d'y avoir réfléchi. J'y ai longument réfléchi. Cet examen est hors norme. Ce n'est pas l'intelligence qui est mise à l'honneur, ni, véritablement, l'aptitude à devenir avocat. Il est vraisemblablement établi, par des statistiques (dont je ne dispose pas!... C'est ce que disent certains sites, et ca me semble avéré) que les diplômés de M1 réussissent majoritairement cet examen.

J'ajouterai que, dans certaines universités parisiennes, ... d'une année à l'autre, les résultats varient - de manière constante, à la hausse puis à la baisse (toujours!). Cela postule l'existence de quotas ... même si cela est officiellement démenti. Comment pourrait il en être autrement?

De fait, avant 2003, on devenait avocat en claquant des doigts (ou presque). Depuis, les conditions d'examen ont été réformées, et c'est ... au petit bonheur la chance. Un chemin de croix. Ces pontes, ils sont dans leur tour d'Ivoire, ils y sont confortablement installés... La porte d'entrée est cadenassée, au nom d'un quelconque sectarisme. Une réforme de cet examen, et du CAPA, serait d'ailleurs à l'étude. Elle irait vers un nouveau durcissement...!

Cet examen se veut donc, arbitraire, lapidaire, et tout sera prétexte à éliminer le candidat (voire à le dénigrer... si je me fie aux corrections que j'ai pu lire sur mes copies, lorsque je les ai récupéré la dernière fois. Le genre de commentaire ... dont on se souvient!)... Tout.

Quelle serait l'approche requise?

1/ L'approche/ la méthode:

Les M1 réussissent mieux cet examen que des étudiants qui ont été diplômés 1, 2, 3 ans auparavant... si l'on en croit les retours d'expérience de certaines facs. Or, en théorie, les anciennement diplômés ont l'acquis de 1, 2, 3, ans de culture juridique supplémentaire, ont perfectionné leur technique juridique, manient mieux le syllogisme... A priori, l'étudiant de M1 n'est pas meilleur technicien que celui diplômé il y a 1, 2, 3 ans. Mais voilà, à P..., les épreuves ne sont pas techniquement difficiles, et partant, tout le monde est sur un pied d'égalité. Ce qui va distinguer finalement l'étudiant de M1, de celui qui, déjà, a un pied dans la sphère professionnelle, c'est l'approche qu'il aura des questionnements qui lui seront soumis. Il me semble que mon expérience professionnelle a totalement bouleversé mon approche du cas pratique (seul format d'épreuve auquel j'ai été confrontée pendant cette session): lorsque j'effectue une consultation juridique en milieu pro, je ne me livre pas à un exhaustif rappel du droit, et me recentre sur les véritables problèmes soulevés par l'affaire dont il est question. L'étudiant de M1, je pense, va prendre la peine de se questionner sur tous aspects du cas pratique soumis à sa réflexion, même ceux qui n'auraient pas véritablement besoin d'être problématisés, car simplement évidents (Or, rien n'est "évident" à la fac! Belle erreur). Mon approche est pragmatique, et j'ai plutôt tendance à trancher, en arbitrant entre une ou deux solutions juridiques que j'aurai privilégié. L'étudiant de M1 serait peut être tenté d'envisager toutes les solutions possibles à une même problématique juridique, et refusera de trancher (ce qui est moins bien, mais plus prudent...En fait, il faut trancher mais en envisageant toutes les solutions possibles).

En un mot, cet examen est scolaire. Très scolaire. Il faut comprendre ce que recouvre cette réalité là, et s'y adapter.

Concernant la dissertation et le commentaire d'arrêts, ...le raisonnement va de pair avec la méthode. Pas de déséquilibres manifestes sur le fond entre M1 et jeune diplômés, mais sur la forme... la méthode se perd quant on a quitté la fac. Il s'agit de s'entraîner le plus possible ; la prépa est efficace de ce point de vue.

2/ Grille de correction/ originalité:

J'ai cru comprendre qu'une grille de correction était établie ou à tout le moins il y a une correction type. Il faudra autant que faire se peut s'en rapprocher pour obtenir des points!S'en éloigner est vraisemblablement fatal. Déployer des qualités d'analyse lorsqu'on ne connaît pas le dernier arrêt, faire de la théorie juridique... Inutile. La logique de cet examen, n'est pas de former les grands esprits de demain, ... comme se le propose la fac. La logique de cet examen, est d'éliminer le plus de monde possible. Alors, être analytique, pousser le raisonnement... : sans intérêt. De même, si l'un des énoncés d'un cas pratique vous semble assez équivoque (j'ai connu ça cette année), que la rédaction est alambiquée (un problème de libellé)... ne vous entêtez pas à le comprendre à votre façon... car vous n'aurez jamais gain de cause. Efforcez vous de le comprendre tel que le prof a dû le penser en le rédigeant.

3/ Maitriser l'effort:

En prépa, on travaille beaucoup. Intensivement même. On nous encourage à travailler toujours plus. Les fascicules de cours, les actualités sont exhaustifs... Il faut savoir dire "Stop" à un moment donné. Trop de connaissances pour un examen pareil ... ça ne sert à rien. Il faut se faire confiance, et s'éviter d'arriver épuisé en salle d'examen, au jour des épreuves, car c'est dés ce moment là qu'on risque d'écrire quelques maladresses.

Ce sont des opinions; elles n'engagent évidemment que leur auteur.

Que ceux qui s'imaginent que la critique est amère: il faut d'une part, connaître cet examen, qui en réalité, est véritablement peu respectueux du travail déployé par les étudiants; d'autre part, ... mmm non, ce n'est pas vrai.

Il s'agit de quelques réflexions qui, si j'en avais pris connaissance il y a quelques mois, m'auraient permis sortir du sentimentalisme niais dont j'ai fait preuve cet été... en croyant que le travail et l'effort seraient nécessairement récompensés.

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  • Jeune dip', ce blog s'adresse en premier lieu à des étudiants en droit qui, comme moi, connaissent l'angoisse de la sacro-sainte recherche d'un Stage, puis d'un Emploi. Mais... me connaissant, ce blog va se diversifier, se disperser, se déployer ...
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